En ce dimanche de fête des mères, il me revient en tête une image touchante, un regard émouvant aperçu un jour d'entretien de biographie.
Le regard du vieil homme vibrait d'un amour sincère que les années n'avaient pas altéré. Son visage émacié, la voix tremblante, ses yeux légèrement blanchis par le voile du grand âge, c'est ainsi que je revois la scène. Il me racontait sa maman courageuse et douce, souvent inquiète. L'octogénaire revoyait les journées harassantes qu'assurait cette mère de dix enfants, pauvre et résignée. Il ne la dispensait pas de quelques reproches, souvent tendrement ironiques. Personne n'est parfait, pas même la plus douce des mamans... L'homme partit fouiller dans son bureau et en revint un classeur à la main. Il en tourna les pages puis s'arrêta sur ce texte qu'il avait écrit, un hommage à sa maman. Le quatrième vers, celui évoquant les fleurs de son jardin d'enfance, eut raison de sa fierté. Les tremolos ralentirent sa diction, il m'expliqua que ces fleurs sont restées l'odeur de sa maman depuis qu'elle était partie. Deux larmes ont perlé, il s'en est excusé et a repris sa lecture.
Un homme de presque quatre-vingt-dix ans qui a mené sa vie avec panache, un homme qui a relevé des défis et affronté des épreuves, pleurait discrètement sa maman comme un petit enfant qui n'ose pas dire qu'elle lui manque.
On dit que l'amour n'a pas d'âge. Ces deux petites larmes vite essuyées révélèrent qu'il n'avais pas pris une ride depuis ses jeunes années, depuis ce temps du bonheur partagé avec une douce maman dans ce jardin fleuri.
Bonne fête à toutes les mamans qui resteront à jamais dans le cœur de leur enfant.