Il y a eu des souvenirs de papas sévères, souvent ; des anciens combattants revenus abîmés et désabusés.
Il y a eu des souvenirs de papas tendres, quelques fois ; travailleurs accordant quelques minutes de jeux.
Il y a eu des souvenirs de papas blagueurs, rarement ; clowns préférant oublier les affres de leur enfance.
Il y a eu des souvenirs de papas absents, disparus pendant le guerre, surinvestis dans leur travail, ou occupés à rattraper le bonheur et la liberté perdus sur le front...
Même époque, même contexte, et des histoires de pères bien différentes.
Je vous en partage une qui a nourri ma pensée quelques temps.
Une raconteuse, fruit trop précoce d'un amour de la Résistance, a voulu connaître son père biologique. Cette pièce manquante qui laissait un trou dans sa vie. Le long parcours, rempli de centaines de questions et de portraits imaginaires, a abouti à la rencontre tant attendue. La joie et l'étonnement de se découvrir, la recherche de traits communs ont commencé à remplir ce vide. Mais le puzzle de sa vie enfin assemblé n'a pas suffit à calmer son trouble intérieur. Une autre révélation l'a apaisée : il lui devint évident que son père était... celui qui avait toujours été là, tout au long de sa vie. Son père adoptif. Son père.
Un père, celui qui est là. Tel qu'il est, avec ses qualités et ses défauts ; mais là, à vos côtés.
Les pères, ceux qui sont là pour leurs enfants. Un peu, beaucoup, mais là.
A l'école, on parle (trop) souvent de l' « heure des mamans ». Majoritaires, certainement, elles ne sont pourtant plus les seules à attendre la sonnerie. A la porte de ma classe, chaque jour des pères étaient là. Et quand la porte s'ouvrait, je leur ai vu des sourires complices avec leur fils, ou des étoiles dans les yeux en entendant leur fille crier « papa ! »
Travailleurs en RTT, chômeurs, chefs d'entreprises débordés, employés en horaires décalés, ils étaient là. Petites scènes quotidiennes, petites perles d'émotions...
Bonne fête aux papas, qui sont là, aux sorties d'école, aux spectacles, et aux compétitions, pour les devoirs, pour bricoler, pour faire du sport ou des mousses au chocolat, qui blaguent à table, font les gros yeux quand il le faut, qui lisent des histoires, ou qui sont juste là pour dire « Ca va ? », cette question qui tisse du lien. Aux papas qui sont là, tels qu'ils sont.
Au père de mes enfants, qui est là, pour eux...