Je ne vais pas sur les marchés « vendre de la biographie », c'est un projet intime qui demande du temps avant de le réaliser. A moins de croiser le chemin de quelqu'un dont la réflexion est murie à point... Mais c'est chose rare.
Non, je ne vends pas mais je fais connaître ce métier confidentiel et souvent les passants curieux partagent quelques souvenirs touchants.
Voici quelques pépites entendues hier :
« Je fabrique des albums photos uniques parce que les photos sont importantes pour l'histoire de famille. Je me souviens, qu'enfant, après le repas de Noël chez ma mamie, nous sortions les albums photos et elle nous racontait qui était qui, des événements marquants de la famille. Ça reste des souvenirs précieux pour moi. C'est triste de retrouver des boites remplies de photos anonymes aux visages oubliés. Ce sont des pans de notre histoire oubliés. Aujourd'hui, on a des tas de photos dans nos téléphones qu'on ne regarde jamais en famille. C'est tellement dommage. Alors avec de beaux albums photos, j'espère faire ma part pour cultiver les souvenirs de famille. »
« Je l'ai déjà fait moi-même. J'ai écrit en cachette mes Mémoires quand je suis arrivée à la retraite, et je les ai offertes à Noël. Enfants et petits-enfants, ils ont tous été surpris et curieux. Nous avons beaucoup échangé après ça. Ça reste un beau moment ! »
« « Maman je t'aime ». Qu'est ce qu'il y a de plus à dire ? J'ai eu tellement de mal à le dire, moi. Vous savez, ce ne sont pas des choses que l'on se disait avant. Ma mère ne l'a jamais dit, mais on savait qu'elle nous aimait. Et puis quand elle est tombée malade et que je m'en suis beaucoup occupé, elle m'a demandé pourquoi je faisais tout ça pour elle. Je lui ai répondu : « parce que je t'aime maman ». C'est venu tout seul sans que j'y réfléchisse. Elle est restée bête et m'a répondu « Ah d'accord... ». C'est dur de dire « je t'aime » aux gens qu'on aime. C'est dur quand on ne l'a jamais fait. »
« Ah les souvenirs, c'est important ! Moi, j'ai consigné tous les moments passés avec mes petits-enfants. Quand ils partaient, je prenais le temps de tout écrire à l'ordinateur : ce qu'on avait fait, leurs rires, leurs moments de moins bien, leurs mots... En ce moment, je corrige tout et je vais le mettre dans mon testament. Et oui, aujourd'hui ils sont trop grands pour s'occuper de venir me voir, mais moi je pense beaucoup à eux, tous les jours. Je veux qu'ils aient une trace de nos moments de joie. »