Celui qui avait dépanné / Celle...
Je n’ai jamais vu ce parking si rempli, débordant de toute part de voitures plus ou moins bien alignées ! Arriver à midi n’est pas la meilleure idée pour trouver une place. Un adorable couple d’Anglais âgés m’arrêtent à l’entrée du lieu et me conseillent en français de ne pas chercher dans les allées, mais d’aller directement sous les arbres où il reste quelques places. Il reste aussi des personnes charitables visiblement.
Arriver à midi n’est pas la meilleure idée pour trouver un comédien non plus. Le Mistral ne souffle qu’un soupçon de fraîcheur. Oublier les pulls et les coupe-vents. Les terrasses sont remplies de personnes affairées à partager leur repas et leurs avis sur les spectacles. De loin en loin, quelques étudiants tracteurs occupent leur bout de rue, des flyers en main et le sourire plus ou moins vivace sur le visage. L’artère principale, la rue de la République, sera peut-être une réserve de comédiens plus intéressante.
Celui qui avait dépanné
Passant par une petite rue ombragée, derrière la Scala, quelques techniciens mangent un bout de sandwich sur des chaises posées à la va-vite. Plus loin, trois jeunes comédiens détendus prennent l’air, deux sur un banc posé contre le mur d’entrée de leur salle de spectacle, le dernier est debout au milieu de la rue et plaisantent avec eux. C’est ce grand brun à la barbe soigneusement taillée qui dégaine un flyer et un sourire charmeur en me demandant : “Vous voulez voir une histoire lumineuse ? Venez voir Noir, car le noir est une couleur qui a besoin de lumière ! C’est le titre de ma pièce.” La présentation de ce récit psychologique émouvant m’intéresse. Une création complète qu’il a écrite, mise en scène et qu’il joue. Voilà un bon candidat pour mes questions.
Vous souvenez-vous du jour où vous avez décidé d’être comédien ?
“Je ne l’ai pas vraiment décidé. Je suis musicien à la base, je me suis trouvé en régie son pour des spectacles et un jour, une troupe a cherché un musicien chanteur comédien qui puisse remplacer au pied levé un absent. Je n’ai pas hésité longtemps, j'ai accepté le défi. Et après, j’ai pas mal tourné dans des cafés théâtres à faire pas mal de comédies qui fonctionnaient bien.”
Racontez-moi le jour où vous vous êtes dit : “Ça y est, j’y suis, je suis comédien !”
“Ça a pris beaucoup de temps. Tant que je faisais de la comédie, j’avais la sensation de prendre la place d’un comédien qui aurait suivi une formation. Je me suis senti un peu comme un imposteur. Le déclic s’est fait quand je me suis retrouvé sur une scène de théâtre, une vraie, à jouer autre chose que de la comédie et que ça fonctionnait. Là encore, c’était un hasard. J’étais en régie, un comédien manquait à l’appel, j’ai remplacé au pied levé. Je ne faisais plus rire, mais ça marchait quand même, alors ça m’a rassuré : j’étais comédien.” »
Et tout ça, grâce à qui ?
Aujourd’hui, je dirais merci à Anthéa Sogno, la directrice du théâtre des Muses à Monaco et de celui de la Condition des Soies. Les quelques semaines d’écriture passées auprès d’elle après le festival de l’an passé m’ont donné un nouveau souffle. Elle m’a permis de monter et jouer ce spectacle. J’en suis là grâce à ce qu’elle m’a transmis, et grâce à ce que j’ai appris avec Christophe Luthringer.
Celle…
Et bien non, il n’y aura pas de « celle… » aujourd’hui. Le chemin de retour au parking est très calme. Les cigales chantent, les gens discutent, boivent un café, lèchent les vitrines. C’est l’heure de la pause, avant que les pièces ne reprennent jusque tard dans la nuit !
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