On touche pas à Mamie!
Patrick est un rockeur.
Il a bien tenté d'honnêtes emplois à l'usine, mais le rock, c'est son oxygène. Après une rupture familiale et des aventures à rebondissements, Patrick trouve refuge chez sa grand-mère adorée. Chouchouté par mamie, dans le village de ses vacances d'enfance, entouré de ses amis de jeunesse, il reprend les rennes de sa vie et monte un groupe de rock. Les semaines sont remplies de répétitions, de projets de concert et de fêtes... La belle vie d'artiste !
Samedi soir, comme souvent quand il n'est pas sur scène, il s'immerge dans l'ambiance folle et musicale d'une boîte de nuit. Mais cette fois, les gendarmes l'attendent à la sortie. « Contrôle d'identité ». C'est bien lui qu'ils sont venus chercher. Les hommes en bleu l'embarquent au commissariat pour un interrogatoire sous la lampe. Qu'a t-il donc bien pu faire pour être emporté ainsi ?
« Votre grand-mère a été cambriolée, elle a décrit son voleur de la même corpulence que son petit-fils,vous! » Double choc, quelqu'un a osé s'en prendre à sa grand-mère adorée et il se retrouve être le suspect principal de l'affaire. Malgré les témoins de sa présence en boîte, sa potentielle culpabilité reste pesante et après sa garde à vue, la suspicion contamine son entourage. Pendant trois semaines, il est le coupable idéal : rockeur, cheveux longs, fêtard, sans le sou... Il ne supporte pas ces regards interrogateurs : « Est-il vraiment capable de faire ça à sa grand-mère qu'il a l'air d'adorer ? » « A t-il joué la comédie ? »
Trois semaines... jusqu'à ce coup de fil. Un copain, propriétaire d'un bar, lui dit avoir entendu un client se vanter d'avoir cambriolé une mamie dans son village. Patrick avertit aussitôt les gendarmes de cette découverte. Ceux-ci en prennent note mais ne peuvent intervenir pour l'heure. Incroyable ! Patrick a la possibilité de connaître celui qui a attaqué sa mamie et les gendarmes le laissent filer ! Ça n'est pas pensable pour lui. Pas tenable. Il ne peut pas rester dans son canapé, il bout. Il prend les clés de sa voiture, embarque mamie, passe récupérer une arme chez un ami et fonce au bar. Il est l'heure de régler l'histoire, à sa façon. Personne ne touche à mamie et va boire des coups en rigolant !
A son arrivée, le patron du bar est bien désolé, l'homme est parti. Sa seule information : c'est un légionnaire. Patrick est bien déçu de l'avoir raté. Mais au fond, qu'aurait-il fait ? Qu'aurait-il dit ? Aurait-il réellement tiré sur le vrai coupable ? Aurait-il eu la folie de tuer cet homme sur un coup de colère? Non, il rend grâce pour cette rencontre ratée.
Il ne fallut en fin de compte que quelques heures le lendemain aux gendarmes pour arrêter ce légionnaire trop bavard, déjà en fuite pour un vol dans sa caserne.
Le sentiment de justice satisfaisant fait place à la rage quand il découvre qu'il avait lui-même introduit le receleur sous son toit. Ce visage, il le reconnaît : c'était le petit-ami d'une amie, tous deux venus boire le café chez mamie. Ce légionnaire poli, charmant, intéressé par la musique avait gagné sa confiance et avait visité toute la maison, studio de répétition avec instruments compris.
Il avait fait rentrer le loup sous le toit de mère-grand. Heureusement, elle n'avait rien! Sa petite-fille en vacances chez elle avait appelé les voisins à cause de bruits et de voix bizarres dans la maison. Sinon... Sinon ? Le voleur aurait pu leur faire du mal ? Tout ça parce qu'il avait offert un café à un étranger ?
La presse régionale conclura cette affaire par un titre « Cambriolée par une mauvaise fréquentation de son petit-fils »... de quoi rager !
Patrick continuera d'ouvrir sa maison aux amis, et aux amis des amis, parce qu'il est ainsi, généreux et bon vivant, un rockeur au grand cœur ! Un rockeur qui aimait tant sa mamie qu'il aurait pu faire la plus grande bêtise de sa vie...
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